Herbicide Roundup: Montréal banniera l'utilisation du glyphosate sur son territoire

Elle devient ainsi la première ville québécoise à aller aussi loin... même si une loi provoquera une incohérence importante...

Trucs et Bricolages
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Publié il y a 4 ans
Herbicide Roundup: Montréal banniera l'utilisation du glyphosate sur son territoire
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Expliquant sa décision par le « principe de précaution », Montréal va interdire l’herbicide controversé Roundup avant la fin de cette année, selon Radio-Canada. 

L'administration Plante espère être imitée par d'autres municipalités de la province, ainsi que par le gouvernement du Québec.

Des clubs de golf, des agriculteurs de même que le Jardin botanique devront trouver une solution de remplacement pour lutter contre leurs mauvaises herbes.

« Peu importe la raison, aucune justification ne permettra son utilisation », a indiqué Laurence Lavigne-Lalonde, responsable de la transition écologique, d'Espace pour la vie et de l'agriculture urbaine au comité exécutif de la Ville de Montréal.

D'ici la fin de 2019, le règlement municipal sera modifié afin que l'interdiction de cet herbicide s'étende à tout le monde, comme c'est déjà le cas pour les néonicotinoïdes, ces insecticides tueurs d'abeilles.


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Le glyphosate est l'ingrédient actif d'un herbicide qui est principalement commercialisé par la marque Roundup. Il s’agit du pesticide le plus utilisé au Canada, mais aussi dans le monde entier.

Même s’il y a peu de terres agricoles sur l'île de Montréal, la Ville s'inquiète de la qualité des sols ainsi que des résidus de glyphosate qui se retrouvent dans l'alimentation ou dans les cours d'eau de son territoire.

« Depuis que l'Organisation mondiale de la santé [OMS] a dit que le glyphosate est un cancérigène probable, on n'a plus aucune raison de ne pas protéger la santé des Montréalais et des agriculteurs qui utilisent ce produit. Ce serait irresponsable de ne pas agir. On espère que ça fera boule de neige. C'est un geste qu'on pose pour lancer un débat, créer un électrochoc dans la sphère publique», a affirmé Laurence Lavigne-Lalonde.

Montréal s'inspire ici de l'Autriche et du Vietnam, qui ont tous deux interdit le glyphosate plus tôt cette année. L'Allemagne a également annoncé mercredi qu'elle fera la même chose à la fin de 2023. 

De son côté, la France avait annoncé une interdiction pour 2021, mais est ensuite revenue sur sa décision. Un conflit politique est d’ailleurs en cours entre l'État et des maires qui tentent de le bannir dès maintenant de leurs municipalités.

La Ville de Montréal a fait parvenir une lettre aux personnes susceptibles d'utiliser ce pesticide afin de leur expliquer son intention. Elle se dit prête accompagner ces personnes dans la transformation de leurs façons de faire. Elle souhaite que davantage d'agriculteurs se tournent vers une production biologique. 



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Mais est-ce que Montréal a le droit d'interdire le glyphosate?

Au Québec, les municipalités ont le droit de réglementer l'utilisation de pesticides sur leur territoire, à condition de ne pas être soient plus permissives que la province. Par contre, elles peuvent s'exposer à des poursuites, si des agriculteurs jugent subir un préjudice.

Actuellement, 144 municipalités québécoises restreignent l'usage des pesticides sur leur territoire. Cependant, la pratique agricole en est souvent exemptée. 

Mentionnons que la Ville de Montréal ne pourra pas bannir la vente du produit sur les tablettes. Donc, il sera interdit de l’utiliser… mais pas de l'acheter. 

Un défi pour la Ville sera de faire respecter son règlement sur le terrain, car il sera ardu de mobiliser des inspecteurs pour ce faire. 

L’Union des producteurs agricoles (UPA) qualifie la décision de Montréal de « précipitée » et appelle les municipalités à attendre les conclusions de la commission parlementaire sur les pesticides, qui entamera ses travaux dans quelques semaines, avant de poser de telles actions.

« La situation deviendra rapidement insoutenable si chaque municipalité réglemente l’usage des pesticides sur son territoire », a mentionné l’UPA dans un communiqué.

Le glyphosate est au centre d'un conflit scientifico-judiciaire qui pèse des milliards de dollars. 

Son fabricant Bayer (qui est propriétaire de Monsanto),  fait face à plusieurs poursuites d'utilisateurs atteints de cancer, d’un peu partout, dont  certains du Québec et du Canada.

Bayer a d’ailleurs été condamnée dans des procès aux États-Unis. Cependant, elle fait appel à ces décisions américaines.

La multinationale nie que le glyphosate soit cancérigène, et met en avant des décennies d'études et d'autorisations réglementaires dans différents pays qui prouvent, d’après elle, l'innocuité du Roundup pour l'humain. 

Ici, en janvier, Santé Canada a maintenu son approbation de ce produit si controversé.

À partir du 23 septembre, des députés de l'Assemblée nationale du Québec tiendront une commission parlementaire concernant les risques des pesticides pour la santé et l'environnement, ainsi que des solutions de rechange à ces produits.

Source: Radio-Canada