Une seule poche de thé pyramidale libère des milliards de particules de plastique dans la tasse

Une étude de McGill s'est penchée sur les conséquences liées au fait de tremper ces sachets dans l'eau bouillante

Trucs et Bricolages
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Publié il y a 4 ans
Une seule poche de thé pyramidale libère des milliards de particules de plastique dans la tasse
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C’est connu, le thé renferme des propriétés bénéfiques pour la santé. Cependant, le fait d’utiliser des sachets de plastique pour l’infuser libère des quantités inquiétantes de plastique, selon une étude réalisée par l’Université McGill.

Car, même si traditionnellement en papier, certains sachets sont maintenant faits en nylon ou avec d’autres plastiques.

Les chercheurs ont découvert que le plastique des sachets finissait par se décomposer après un certain temps de préparation dans l’eau chaude.

Les chercheurs ont vidé quatre sachets de leurs feuilles de thé pour ne pas fausser les résultats et les ont laissés tremper dans de l’eau chaude. Leur conclusion est bien pire que tout ce qui a pu être montré jusqu’ici.

Laura Hernandez, doctorante en génie chimique à l’Université McGill qui a participé à l’étude, a cependant mentionné que d’autres recherches devraient être menées pour savoir si ces quantités de plastique ont vraiment un impact à long terme sur les buveurs de thé.

L’Université McGill a testé l’effet des doses de plastique s’échappant des poches de thé sur des puces d’eau, des petits organismes vivants souvent utilisés en laboratoire.  Ces puces ont survécu à leur expérience, mais présentaient certaines anomalies physiques et comportementales après cette exposition au plastique.


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Les poches de thé en question libèrent pas moins de 11,6 milliards de particules de microplastique et 3,1 milliards de particules de nanoplastique dans l’eau. Des milliers de fois de plus que ce qu’on a retrouvé dans d’autres aliments en contact avec du plastique, apprend-on dans l’étude montréalaise, qui a été publiée mardi dernier dans la revue scientifique Environmental Science & Technology.

L’idée de cette étude est venue à Nathalie Tufenkji, qui en a été la chercheuse principale. La scientifique explique avoir pensé à examiner ces poches de thé qui ressemblent à de la soie lors de son propre rituel matinal. 

«J’avais l’habitude d’arrêter prendre une tasse de thé dans un café près du bureau. En regardant le sac de thé de forme pyramidale, je me suis demandé s’il était composé de plastique. Si c’est le cas, tremper du plastique dans l’eau bouillante n’est pas une bonne chose», a-t-elle raconté. La chercheuse avait d’ailleurs également étudié  la présence des microparticules dans l’eau embouteillée.

Madame Tufenkji a travaillé avec le chercheur Hans Carl Larsson et l’étudiante au doctorat Laura M. Hernandez. L’équipe de a testé quatre marques de thé différentes. Les sachets ont été vidés et nettoyés au préalable pour enlever toute trace de thé ou de débris.

Comme pour la préparation d’un thé ordinaire, les chercheurs ont laissé infuser lesdits sachets dans une eau chaude à 95 °C. 


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Au bout de 5 minutes, une petite partie du plastique s’est diffusée dans l’eau. Pour l’analyser, les scientifiques ont eu recours au microscope électronique, qui détecte les nanoparticules. Les chercheurs montréalais ont été étonnés de découvrir qu’un seul sachet de thé, fabriqué à partir de nylon ou de polytéréphtalate d’éthylène, libérait différentes grosseurs de particules : jusqu’à 11,6 milliards de microplastique et 3,1 milliards de nanoplastique dans l’eau. Cela représente, au total, une quantité de 16 microgrammes de plastique par tasse de thé.

Dans la seconde partie de l’expérience, l’équipe de chercheurs ont testé le relâchement de ces particules de plastique chez l’espèce Daphnia magna, un minuscule crustacé fréquemment employé en recherche scientifique. 

Dans le groupe étudié, quelques animaux présentaient «certaines anomalies anatomiques et comportementales». Ces résultats ne sont toutefois pas suffisants pour conclure à une toxicité chez l’humain, donc d’autres études seront nécessaires. 

Mais pour sa part, Nathalie Tufenkji évite maintenant de boire du thé avec sachet de plastique…